THESAURUS - L'objectif, hormis les articles d'images et de sons glanés ou perso, est de constituer une base de données subjective autodidactique et transversale d'extraits de textes littéraires, poétiques.
Entendons-nous bien, je ne suis pas d'accord avec toutes les idées développées dans les textes, mais c'est leur choix et leur juxtaposition ici qui me semble aborder/contourner/recouvrir/dessiner plusieurs sujets qui m’intéressent.

Cette partie s'aborde en navigant par MOT-CLE ou AUTEUR

Soyez indulgents, le blog est tout neuf, j'ai encore pas mal d'archives de base à numériser et/ou transférer, en plus des nouvelles trouvailles.
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02/04/2012

Norman SPINRAD - Il est parmi nous. - 002

Auteur : Norman SPINRAD

Titre original : He walks among us.

Titre français : Il est parmis nous
ISBN : 978-2-290-02126-2
J'ai Lu, Octobre 2010, traduction Sylvie Denis et Roland C. Wagner.
Pages 430 et 431 



    Dexter se retrouvait confronté à un intellect dont il pouvait difficilement nier qu'il était l'égal du sien, même s'il fonctionnait à partir d'un système conceptuel qu'il ne pouvait tout simplement pas accepter. Un intellect qui se révélait même meilleur que le sien, parce qu'il admettait la dichotomie de leurs visions du monde, mais sans cesser d'aller de l'avant.
    Un intellect finalement supérieur au sien, s'il ne parvenait pas à se montrer à la hauteur de la situation.
    — Non, dit-il, certainement pas.
    — Vous n'allez tout de même pas me dire que Ralf n'a pas évolué au-delà de ce que nous pensions créer, quoi que ce soit, pour devenir quelque chose que nous ne contrôlons plus ni l'un ni l'autre...
    — Non, certainement pas.
    — Dans ce cas, à quoi avons-nous affaire ?
    — On raconte une histoire au sujet de L. Ron Hubbard, qui n'était qu'un scribouillard de science-fiction, lorsqu'il a lancé la Scientologie, et qui est devenu le dieu de millions de clients payants. Quand on lui demandait s'il était vraiment le messie, Hubbard répondait que tout ça était une arnaque. Si on lui demandait si c'était vraiment une arnaque, Hubbard montait sur ses grands chevaux et se déclarait le Grand Moi-Je.
    Amanda Robin lui jeta un regard suspicieux.
    — Je connaissais un junkie qui affirmait que sa drogue préférée n'était vraiment pas addictive. « Chaque année, j'arrête l'héro pendant trois jours pour être sûr que je suis pas accro, me disait-il, et ensuite, quand je vois que j'en suis capable, je retourne me shooter. »
    Dexter fit une pause, haussa les épaules.
    — Et il ne s'agissait que de poudre.
    — Bien vu, dit Amanda, et ce qui nous concerne est très différent.
    — Nous avons un comique de troisième ordre dont personne n'a jamais entendu parler jusqu'à ce qu'il tombe miraculeusement sur cette dope messianique, le matos le plus attirant et le plus addictif qui soit...
    — À moins qu'il soit réellement...
    — Il n'y a pas de réellement !
    — Une certaine école de pensée soutient qu'il n'y a rien d'autre que le réel, Dexter. Que nous sommes tous des rêves et que n'est réel que le Rêveur qui s'éveille à la fin de chaque grande ère pour mettre un terme à la danse des voiles de maya.
    L'espace d'un instant, ses yeux devinrent des fenêtres, des portes, aurait-on pu presque dire, derrière lesquelles Dexter pouvait voir... pouvait voir...
    — Que ce soit à l'intérieur de votre cadre conceptuel ou du mien, vous pouvez difficilement soutenir que nous ne vivons pas à la fin d'une grande ère de ce type, Dexter. À certains moments, j'ai vu derrière les yeux de Ralf le Rêveur remuer pour sortir de son sommeil.
    Amanda Robin soupira et se laissa aller en arrière ; une sorte d'enchantement parut se rompre et les bruits de la pièce, les odeurs de la nourriture en train de refroidir affluèrent dans le champ de conscience de Dexter.

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